Réflexions après la réunion du conseil municipal, le 13 septembre

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J’étais au conseil municipal. Il faisait chaud. Et moi, n’étant pas français, j’avais parfois difficulté de tout suivre, surtout quand la discussion s’est chauffée un peu. Par contre, j’ai pu constater plusieurs choses.

  1. Y a que très peu de monde qui cause

Je ne les ai pas compté, mais la plus grande partie des conseillers se tait. Il n’y a pas de vraies discussions libres sur la forme ni sur le contenu. Le maire dit ce qui a été décidé et demande qui est contre, et ensuite qui s’abstient. Personne ne lève la main? Bon, c’est décidé.

  1. Ceux qui causent, critiquent.

Les conseillers qui ont posé des questions, c’étaient surtout ceux de l’opposition. Trois, quatre, cinq des groupes ‘Agir Autrement’, ‘Solidaires pour Tournus’ et ‘Tournus en Marche’. Les questions étaient presque toujours des demandes de précisions sur les projets que la majorité avec Claude Roche met en route. Il parait que même J.P .Meulien, membre de la Commission Voirie Urbanisme, n’est pas au courant des projets d’urbanisme ou de voirie. Il s’est bien fâché contre le maire, qui a hissé les épaules et continué la réunion.

  1. Le maire fait ce qu’il veut
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Claude Roche invente, Claude Roche entreprend, Claude Roche décide… c’est ça l’impression qui reste après cette réunion. Et aussi que Claude Roche est un maître quand il s’agit d’éviter de donner des réponses à des questions.

4. Beaucoup se passe en toute opacité

On ne sait pas ce que Claude Roche décide et fait, ni pourquoi et basé sur quelles délibérations. Prenons le projet du ‘port de plaisance’. Quand on en parle en réunion, le maire dit que ce ne sera pas un projet municipal mais un projet privé. Il a déjà deux investisseurs qui veulent y mettre des millions d’euros. Alors il faut aller vite avec la démolition des anciens bâtiments d’usine de Rexam, parce qu’on ne veut pas louper cette opportunité fabuleuse pour la ville.
Question: Si vous avez déjà des investisseurs, alors pourquoi vous avez lancé une étude en juin pour savoir si ce port était opportun?
Réponse: Ça va se faire, on fait tout dans l’ordre des choses. Mais on a déjà deux investisseurs, alors il y a intérêt de continuer.

Question: Comment ça se passe avec la dépollution des terrains de Rexam?
Réponse: On peut détruire les bâtiments et nettoyer jusqu’au niveau ‘terrain industriel’ et c’est Rexam qui paye la dépollution. Si le terrain sert à autre chose, c’est à la ville de payer. Mais on touche pas à la dalle, alors pas de soucis de dépollution.

Question: Mais pour faire le port de plaisance, il faut creuser. Vous allez creuser?
Réponse: On verra ça plus tard avec les investisseurs. Pour l’instant on détruit.

Question (pour une fois du côté ‘majorité’ de la table): Mais vous avez envoyé une notice d’éviction à l’entreprise Gauthey qui loue un bâtiment sur le terrain. Pourquoi, quand ce n’est pas du tout certain que le projet va se faire?
Réponse: Je vous dit que nous avons des investisseurs privé qui vont payer pour le projet, alors ça va se faire.

Question: Mais si vous allez creuser, vous allez toucher à la nappe phréatique qui est polluée et qui ne sera pas encore dépolluée. Vous n’aurez pas le droit de connecter la nappe pollué avec l’eau de la Saône.Réponse: Mais je vous ai dit qu’on ne touche pas à la dalle! Attendez, si ça continue comme ça je vais devoir changer le règlement et instaurer une limite de temps de parole!

Bon. Plus de questions? Qui s’abstient? Qui est contre? Merci.

Des discussions digne de Beckett, avec des répétitions, des demi-réponses et finalement le maire qui décide que ça suffit et on continue. Les votes sont très prévisibles. Personne de la majorité n’est jamais contre le maire. L’opposition fait souvent l’opposition ou s’abstient.

Conclusion

Alors, c’était fort intéressant, ce conseil municipal. Du théatre! Ionesco! Mais ça m’a aussi inquiété. Car comment décident-ils les choses qui nous concernent? Sur quoi basent-ils les investissements importants dans notre ville? On ne sait strictement rien.

Un exemple – la salle multifoncionelle

salle-multifonctionelle-tournusNormalement, si on désire faire un projet pour – par exemple – une salle multifonctionelle, on commence avec une étude du marché. Qui en a besoin? Combien de personnes l’utiliseront et pour quoi? D’où ils viennent? À quel prix peut-on louer la salle et à qui? Combien coûtent l’exploitation et l’entretien?
Si en effet l’investissement dans une salle est économiquement valable, on utilise l’étude du marché pour décider sur la taille et les services qui seront offerts et on propose le projet détaillé avec les chiffres d’exploitation et les frais d’investissements au conseil municipal.
Idéalement, on fait aussi une réunion publique pour présenter le projet au peuple (les gens qui finiront par payer) pour que tout le monde se sente impliqué(e) et porteur/euse du projet.

A Tournus, ça ne marche pas comme ça. Un jour, comme un coup de foudre, y a un projet! On sait combien de places assises (1200) et debout (2400) (ah non, faut diviser par deux), on connait la configuration du bâtiment (ah non, on ne fera pas tout en même temps), on connait le prix de construction (7 million, ah non 5 millions. On a dit 5 millions? Peut-être moins quand on ne fera les choses en étapes. Disons 3,5 millions) et il y a même un dessin d’architecte (ah non, impossible car on n’a pas encore… eh, si!). Tout est décidé, semble-t-il.
Le conseil municipal? Bien assis par ce fait accompli. La viabilité commerciale? Inconnue. L’endettement de la ville? Incontournable. Mais, le maire a promis que n’importe ce qui se passe, il n’augmentera pas les taxes municipaux. Pas tout suite. Ah non!

Notre futur est en jeu

Comme j’ai dit, je ne suis pas français, alors je rate peut-être des choses, et je ne sais pas comment les choses se font dans les municipalités. En plus, je ne veux pas imposer ou même proposer des méthodes Néerlandaises ici, où je ne suis qu’invité. Mais ça me semble normal que quand on fait des grands investissements dans une ville, des achats avec un impact énorme sur la vie de tous les habitants, qu’au moins on en parle d’abord? Si Claude Roche est permis de faire tout ce qu’il propose, la ville de Tournus changera d’un grand coup. On deviendra une ville dynamique, moderne, commerciale, avec beaucoup de services de très haut niveau! Ou une ville endetté, avec des énormes édifices inutiles et onéreuses, qu’on payera pendant des décennies?

La croissance, c’est bien.

Mais il faut faire attention de ne pas faire comme les pays qui ‘gagnent’ les Jeux Olympiques. De ne pas construire plein de bâtiments et structures dont on n’a pas vraiment besoin. D’y aller pas a pas, après réflexion, pour éviter de casser ce qui est bien.
Tournus est une ville historique, charmante, vieille, pleine de caractère. Elle ne supportera pas des tumeurs immobilières et risque de mourir sous une croissance sans freins.

 

MISE à JOUR: le JSL semble avoir constaté les mêmes ressentis

15 réflexions sur « Réflexions après la réunion du conseil municipal, le 13 septembre »

  1. Buhagiar

    Gregor, par rapport à l’attitude des conseillers de la majorité, si nous ne participons pas trop aux débats, c’est que l’on se voit bien avant dans des réunions où on exprime alors notre accord ou notre désaccord. Ce qui fait que les sujets ayant été traité, nous votons ou non, selon notre point de vue.

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  2. emmanuel mornay

    Bonjour
    Le problème n’est pas d’installer un enième centre commercial, qui va d’ailleurs directement concurrencer ceux déjà existant mais de re dynamiser le centre ville en tablant sur le cœur d’activité de Tournus à savoir : le tourisme, la gastronomie (4 restaurants étoilés), le vin…
    Quant au maire comme aux conseillers sont ils un jour sortis de Tournus ? Ont ils vécu ailleurs ?
    J’ai l’impression que tout cela manque d’idées « nouvelles »…à l’image de nos dirigeant politiques nationaux hélas.

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  3. kr3k Auteur de l’article

    Ce qui me surprend c’est que plein de sujets qui concernent tout le monde sont alors précuits dans vos réunions ‘entre vous’ et présentés comme fait accompli au conseil. Ça passe facilement, car vous êtes déjà d’accord et l’opposition n’a pas assez de voix pour faire opposition.
    Finalement, nous – les citoyens – ne voyons rien du procès de délibération sur les différents sujets, qui sont même cachés aux personnes de l’opposition directement concernés, comme M. Meulien de la commission de Voirie, qui n’est pas consulté du tout sur des travaux de voirie avant que les décisions sont prises.
    La démocratie me semble loin éloigné de cette démarche unilatérale.

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  4. comte

    Une majorité municipale fait effectivement des réunion de « pré-conseils », les sujets font normalement débat à huit clos. Chacun peut s’exprimer en son âme et conscience, mais au final en séance publique du conseil municipal, la règle veut qu’un conseiller de la majorité nr vote pas contre son maire..Il peut néanmoins s’abstenir ou alors ne pas venir et donner un pouvoir.

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    1. kr3k Auteur de l’article

      Ce qui inquiète les gens, c’est qu’avec cette façon de faire, le proces de réflection se passe 100% hors de vue des contribuables. Les pours et contres, les délibérations, les arguments, les recherches, les faits sur lesquels sont basés les décisions… on ne les connait pas. La municipalité devient un ‘Black Box’ qui crache des mesures qui semblent parfois démesurés. Peut-être tout est fondé sur des rapports favorables et de preuves que l’exploitation sera profitable. On l’espère.

      Mais. On. Ne. Sait. Pas.

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    2. Touchepasaugrizzbisal...

      Dites moi … le pistolet est chargé ou non ?
      Il peut aussi démissionner, ça soulage les aigreurs d’estomac et au mois c’est clair …

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  5. junon

    bonjour je suis Tournusiens d’origine n’est a Tournus ou j’ai vécu jusqu’en 94 le centre ville c’est bien dégradé par rapport a ce que j’ai connus ,et quand je vois un maire comme Roche a Tournus qui n’est méme pas de Tournus ancien entrepreneur comment les Tournusiens ont fait pour voter pour ce genre d’homme qui en plus frequente les débit de boissons . bel exemple que ce mr améne a la ville de Tournus . j’en suis dégouté

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    1. kr3k Auteur de l’article

      Que le maire soit originaire de Tournus ou pas, ne dit rien sur ces capacités à gérer une ville, comme le fait que moi je ne suis pas originaire de France ne veut pas dire que mon français soit pire que le votre. Le fait qu’il est entrepreneur est plutôt un plus. Qu’il est solidaire avec les métiers de bouche locaux et dépense son argent sur place me semble aussi une très bonne chose.

      Faut pas non plus dire n’importe quoi.

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      1. Touchepasaugrizzbisal...

        Cher ami,
        Il faudra que vous en appreniez encore un peu sur les us et les coutumes français ce qui vous évitera de vous fourvoyer dans des discours et remarques qui finiront par troubler vos lecteurs. A moins que, comme tout bon français, vous ne vouliez aussi créer votre propre parti politique les « Ni oui Ni non ». En France nous appelons ça le centre … et il n’en reste pas grand chose.

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        1. kr3k Auteur de l’article

          Je ne comprends pas exactement ce que vous voulez dire. Je dois choisir un camp? Je ne peux pas contredire des gens qui s’expriment contre le maire? N’importe si quelqu’un soit de droit ou de gauche, s’il raconte des âneries et utilise des faux ‘arguments’ ou des propos hors sujet voir diffamatoires, je me réserve le droit de le dire. Si ça trouble mes lecteurs, tant pis. Je n’écris pas ce blog pour me faire des amis ni d’ennemis, mais pour dire ce que j’en pense.

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          1. Touchepasaugrizzbisal...

            Vous qui êtes un homme d’écriture, vous connaissez mieux que quiconque l’importance des mots … et lorsque l’on commence à s’exposer comme vous le faites vous vous ferez certainement quelques amis mais beaucoup d’ennemis.
            Un engagement n’est jamais impartial mais bon, comme vous le dites, ou plutôt le suggérez, vous assumerez la déception que vous aller créer, c’est dommage.

  6. H BOSIO

    Gregor, un conseil municipal dirigé par Claude Roche est – plutôt qu’une pièce de Ionesco – une tragédie de Beckett « La fin est dans le commencement ,et pourtant on continue » .( Fin de partie).
    Salutations vigilantes. Hervé BOSIO

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