À l’école, tous les enfants s’en prennent à une fille qui est systématiquement harcelée. La plus grande partie des harceleurs ne savent pas pourquoi ils le font. Ils n’ont rien contre la victime, mais ils font comme leurs camarades, par peur d’être pris comme cible à leur tour. On s’étonne que personne ne proteste. Mais on comprend pourquoi.
À la campagne, de nombreux agriculteurs utilisent beaucoup de produits chimiques pour tuer les mauvaises herbes et les insectes qui rongent leurs produits. Ils ont assez d’informations pour savoir qu’à long terme, ce n’est pas bien pour leurs terres, qui s’appauvrissent et auront besoin de plus en plus d’engrais artificiels pour donner le même rendement. Mais ils ont été endoctrinés pendant des décennies par les entreprises agrochimiques, qui les ont convaincus que l’agriculture sans les produits, c’est vraiment démodé et qu’ils ne pourront jamais concurrencer ceux qui en utilisent. Ils peuvent cependant lire partout que leur façon de faire les amène droit dans le mur. On ne comprend pas ce qui les pousse, mais quand même, ils continuent tout droit. Mais on comprend pourquoi.
À Bruxelles et à Strasbourg, des sénateurs de l’Union Européenne continuent à voter pour la continuation de l’utilisation du Glyphosate et d’autres herbicides et pesticides. Pendant des années, ils ont été influencés par les lobbyistes des grandes entreprises comme Monsanto, Syngenta et Bayer, qui leur ont fait croire que la mort des abeilles était due à autre chose. Surtout pas le Round Up. Des scientifiques qui les conseillent ont reçu des grosses sommes pour des études qui prouvent que les produits sont innocents. En plus, ceux qui votent pour Monsanto ont plus de chances d’accéder à des postes importants comme commissaires et dans des conseils d’administration des grosses boîtes, des postes qui ne coûtent que quelques jours bien arrosés par an et qui sont quand même très bien rémunérés. Ces sénateurs savent lire, et reçoivent aussi des alertes des biologistes indépendants qui signalent que les insectes meurent en grand nombre. Ils devraient savoir que voter pour Monsanto et Bayer risque de finir en génocide. Car le jour où il n’y a plus d’insectes, il n’y a plus de fruits et légumes. On ne comprend pas que des produits dangereux et cancérigènes comme le glyphosate et les autres nicotinoïdes ne soient pas interdits dans le monde entier et peuvent continuer de nous tuer goutte par goutte. Mais on comprend pourquoi.
En France, des maires de beaucoup de villes et villages acceptent l’installation de nouveaux super- hypermarchés en zone périphérique. Bien que toutes les recherches faites – même par le gouvernement – montrent que plus de supermarchés en dehors du centre veut dire moins d’activité dans le centre et en global une perte nette d’emplois. Les commerces dans les centres-villes meurent partout, mais l’étalement urbain continue. Les personnes qui décident des modifications des PLUI des terres agricoles pour permettre l’exploitation commerciale ont été influencées par le lobby fort des grands développeurs des enseignes comme Carrefour et Leclerc. On paye de grosses sommes pour acquérir les terres qui ne valaient pas grande chose (en argent, on ne parle pas de richesse alimentaire), on leur promet des investissements et des créations d’emplois. En plus, le nouvel hypermarché sera, comme ils le disent aux élus pendant des soirées au VIP box du club de foot qu’ils sponsorisent, une ‘locomotive’ pour la croissance commerciale municipale. Il y aura beaucoup plus de commerces dans la galerie marchande, qui vont tous payer des impôts.
Pour un moment, les élus se sentent comme Picsou qui roule sur l’or, les |$•$| pleins les yeux. Ils deviennent aveugles pour les effets à long terme, quand des magasins au centre ferment, en supprimant des emplois durables de qualité. Ils ne voient pas le décès annoncé de leur centre, qui perd son attractivité et ne laisse que des vitrines vides et magasins blindés. Leur ville s’appauvrit, le pouvoir d’achat baisse et après quelques décennies même le nouveau supermarché doit fermer.
Bon, c’est clair, les arguments des copains riches et puissants, débités dans une ambiance festive et culinaire, peuvent temporairement influencer la pensée des élus. Et peut-être il y a même des promesses de futurs investissements dans les villes et villages aux alentours. On comprend.
Mais on ne comprend pas comment un élu, au vu de tous les arguments, toutes les études et toute la preuve du danger de l’étalement périurbain, largement reconnu par les politiques de tous les bords, on ne comprend pas comment cet élu peut toujours voter pour la modification d’un PLUI qui ouvre la porte pour la construction d’un hypermarché Leclerc avec galerie marchande en zone Nord de Tournus. On ne comprend pas pourquoi.