
Tournus c’est beau, mais des fois c’est un peu tristounet, non ?
Le sujet de la vacance immobilière est vaste mais on peut, pour aller à l’essentiel, le décrire en ces quelques mots : d’un côté, des espaces vides ; de l’autre, des demandeurs non-conventionnels ; au milieu coule une rivière et bien peu nombreux sont ceux qui osent la franchir. Tournus osera-t-elle ?
C’est une idée qui revient depuis pas mal d’années déjà. La ville est riche d’un beau patrimoine, et pauvre en demandes d’occupation « classiques », à savoir pour des magasins, entrepôts, locaux commerciaux et industriels divers. Si l’on en arrive à fêter une ouverture de business comme un événement local, à en faire l’article ici-même, à la mairie et jusque dans le JSL, c’est bien à cause de la rareté de la chose — rareté qui pose problème.

Un exemple de grand local vide depuis un moment déjà : Alchimie du Livre, rue de l’hôpital (à droite sur l’image – photo Goggle Street View).
S’il n’y avait aucune demande, la solution serait toute trouvée : nombre de bailleurs seraient prêts à tenter de l’inédit, du « précaire », de l’inventif, du saisonnier, de l’associatif à bas loyer, etc. Si la demande était forte, là aussi, pas de problème : on ne trouverait vides que les locaux les plus inadaptés, délabrés, mal placés, et peut-être seuls ceux-ci pourraient attirer un atelier participatif, un local de répétition ou de création, etc., en échange d’un coup de truelle et de rouleau. Mais nous avons le séant entre deux pièces de mobilier urbain. Car la demande existante, même rare, rend frileux le bailleur qui préférera attendre le locataire traditionnel, avec sa caution bancaire et ses garanties, comme le Messie.
Clairement, il y a une demande pour des locaux à rénover, voire à restaurer, avec un confort minimal, voire inexistant, de tailles et emplacements variés. J’ai pu croiser bon nombre d’artistes, seuls ou associés, regrettant amèrement de ne disposer d’aucun espace de travail exploitable à loisir où ils pourraient, qui sculpter, qui peindre, qui claironner ou battre la mesure en n’ayant pas peur de bousiller un local tout neuf à coups de panneaux isolants de récupération, de poussière de pierre et bois ou de peinture acrylique, ni peur de crever les tympans des voisins.
Pour achever de convaincre les sceptiques, je cite Simon Laisney, co-créateur du projet « Plateau Urbain » à Paris, interrogé par Le Monde : « Il faut convaincre les promoteurs qu’ils ont tout à y gagner, parce que la vacance est coûteuse (frais d’entretien, charges de copropriété, taxe foncière (…)). Mais aussi parce qu’un immeuble vide nuit à la dynamique d’un quartier ».
L’initiative Plateau Urbain a tout récemment été distinguée lors du Palmarès national des Jeunes Urbanistes, en décrochant la première place. Créée en 2013, « Plateau Urbain est une association proposant de jouer le rôle d’interface entre propriétaires et porteurs de projets, pour redonner vie à des immeubles vacants et soutenir des projets associatifs, entrepreneuriaux et culturels », dixit leur site officiel.
Comment fonctionne ce concept, concrètement ?
C’est excessivement simple : Plateau Urbain met en relation des demandeurs et des bailleurs, et négocie au profit des futurs occupants des conditions d’occupation précaire ou partielle financièrement intéressantes. Les retombées sont immédiates pour les deux parties… Le demandeur se voit ouvrir des portes que les prêteurs et bailleurs classiques lui fermeraient, tandis que le bailleur bénéficie de plusieurs avantages : par exemple la perception d’un petit loyer et/ou des travaux de rénovation et/ou l’arrivée de nouveaux chalands dans une rue où il a d’autres biens et intérêts, etc. Vous comprenez sans doute l’idée. Le plein et l’actif, c’est mieux que le vide et le mort.
Ci-dessous, vous retrouverez un extrait de leur plaquette de présentation, qui dessine les grandes lignes de l’initiative et fait se demander : eh bien, qu’attendons-nous pour suivre ce modèle simple et remplir au mieux tous ces espaces vides dans le centre de Tournus ?

Plaquette de présentation de l’initiative Plateau Urbain (tous droits réservés).
Bonjour,
effectivement il existe des solutions, le plus dur est de les faire connaître et de convaincre !
Belle initiative de Plateau Urbain.
Merci pour l’article.
Cordialement