Alors je vous rassure tout de suite : cette histoire n’est pas sale. Simplement anecdotique et mignonne. Du moins, si vous aimez les chats.
Je promenais hier mes trois monstres assoiffés de sang, à savoir un bullterrier hors d’âge qui ne daigne même plus se lever du coussin pour accueillir les visiteurs au domicile et deux american staffs qui, s’ils sont certes vifs, ne se nourrissent que de croquettes et de câlins. Il n’empêche : certains voisins tremblent de peur et ferment portes et fenêtres sur notre passage. Bref. (C’était ma déclaration d’avant départ définitif de Tournus pour dire qu’on m’a parfois un peu gonflé, ces quatre dernières années, avec mes chiens « dangereux ».)
Enfin nous voilà en fin de promenade derrière le Musée Greuze quand, levant le nez sur la beauté des toits sous le soleil couchant, je remarque un statique et stoïque félin sur les tuiles romaines. Loin de lézarder, il était — ou plutôt, elle était — en train d’allaiter trois ou quatre boules de poils. C’est sous l’étroite surveillance maternelle que s’est terminée la promenade mais l’anecdote ne s’arrête pas là.
Il s’avère en effet que les toits du Musée Greuze, de par leur relative facilité d’accès pour la gent féline, attirent régulièrement les greffiers. Le soir même, une amie me confiait que quelques mois en arrière, était-ce l’été dernier, je ne le saurais dire, on a dû recourir à une grue pour aller dénicher une autre maman chat et ses petits.
Que faire de nos griffus amis ? Car en effet, ils ont leurs avantages que les pigeons n’ont pas, dont le principal est de chasser les pigeons sus-cités, pour un prix nettement plus abordable que tous les pics anti-volatiles du marché. Je me plais donc à rêver d’un toit de musée qui ferait miaou toute l’année au lieu de nous chier dessus. J’ignore jusqu’à quel point les chats sont une menace pour l’intégrité des toits du musée. J’ignore aussi si leur vie est en danger là-haut plus ou moins qu’ici-bas. Toujours est-il que lever le nez du bitume pour tomber sur cette petite scène familiale n’a pas manqué de me charmer, et de donner un instant aux toits de Tournus un petit air d’Italie du sud.